CHEMIN DE CROIX DANS LA PRAIRIE
Le chemin dans la prairie se situe de l’autre côté du Gave, après les bruloirs, au fond de la prairie.
Il est bien adapté aux fauteuils car entièrement plat. Pour ceux qui le souhaitent, le chemin de croix dans la Montagne se trouve au-dessus du Sanctuaire, départ de l’avenue Mgr Théas.
1° station :
Jésus est condamné à mort.
Enfermé dans la prison de tous ceux qui n’ont comme horizon que la pesanteur de leurs désirs et de leurs passions terrestres, couronné d’épines comme tous ceux et celles qui sont étiquetés et jugés sans appel, les mains ligotées dans l’attitude de la supplication intense, Jésus écoute la voix de ceux qui le condamnent à la mort.
2° station :
Jésus est chargé de sa croix.
Le bois de la Croix a été chargé sur ses épaules déjà meurtries par les coups de fouets.
Ses mains sont comme posées avec une infinie délicatesse, sur le bois de son supplice à venir.
Sa tête repose sur ce bois avec un amour qui nous dépasse.
Ses yeux mi-clos nous disent, et sa souffrance et sa prière d’amour, pour tous les hommes.
Tout en souffrant, Jésus pose un regard aimant sur cette croix par laquelle Il va montrer à l’homme jusqu’où peut aller l’amour gracieux de la Miséricorde et du Pardon.
3° station :
Jésus tombe pour la première fois.
Sur le chemin qui le mène au Golgotha, Jésus tombe pour la première fois.
La terre l’accueille comme autrefois, elle l’accueillait lorsqu’il tombait dans ses courses ou ses jeux d’enfant.
La terre l’accueille et, dans les volutes du tissu qui épouse la forme du corps de son Seigneur et Créateur, elle fait monter son action de grâces pour cet honneur qui lui est fait de recevoir les pas et les chutes du Fils de Dieu.
4° station :
Jésus rencontre sa mère.
Quel regard que celui d’une mère sur son fils souffrant !
En prêtant attention, nous découvrons que Marie ne regarde pas son fils Jésus. Son regard va plus haut et plus loin. Elle regarde, dans le silence de son cœur aimant et compatissant, le Père de qui vient tout don parfait. Son silence est éloquent. Interrogation de son cœur de Mère, dans la douloureuse incompréhension de son humanité : « Pourquoi ? »
Jésus la regarde avec une infinie tendresse.
Dans la tendre proximité de leurs mains, qui ne se touchent pas mais s’effleurent, Il ne veut pas interrompre le colloque d’amour entre la Mère et le Père. Lui le souffrant donne, de main à main, de cœur à cœur, sa force et son courage à sa tendre mère.
5° station :
Simon aide Jésus à porter la croix.
Dans le vaisseau de l’humanité, il est besoin d’un capitaine et d’un second pour naviguer en sérénité dans le calme ou les tempêtes.
Dans le vaisseau de l’humanité qui affronte le déchaînement de la haine des hommes, Simon de Cyrène est réquisitionné pour être le second de cette traversée originale.
Le Christ Jésus le regarde d’un regard qui interroge et qui aime, comme s’il lui disait : « Vas-tu me laisser tomber ou peux-tu m’accompagner jusqu’au bout du chemin ? »
Le regard de Simon est réponse de présence et d’amour.
Il donne à Jésus une dignité nouvelle, celle d’un amour qui sait comment donner.
6° station :
Véronique essuie le visage de Jésus.
Comme dans un ballet de tendresse et de délicatesse, Véronique essuie le visage de celui qui a tant souffert des soufflets et des crachats, des injures et des quolibets, de la sueur et du sang.
Son regard, d’une beauté transfigurée par l’amour qu’elle porte à Jésus, contemple par delà le Fils souffrant, son Dieu au visage d’enfant.
7° station :
Jésus tombe pour la deuxième fois.
La chute est nouvelle. Elle est plus douloureuse.
Ses mains aux doigts fins et longs semblent s’enfoncer dans la terre, comme pour y déposer le cri de douleur de l’homme souffrant de tous les temps.
Ses mains aux doigts fins et longs semblent s’enfoncer dans la terre, comme pour y reprendre force et courage, tel un arbre qui puise en terre la sève de vie nouvelle.
Ses lèvres et ses yeux expriment la soif et le cri silencieux d’une douleur qui dit la souffrance d’un corps qui n’en peut plus.
Les plis du tissu nous suggèrent, comme en creux, la présence toute invisible du divin au cœur de la misère de l’humain.
8° station :
Jésus console les femmes de Jérusalem.
Les femmes sont en pleurs en voyant l’homme des douleurs qui monte vers le Golgotha de son offrande suprême.
Elles pleurent de douleur et de surprise à la fois, en voyant l’homme s’avancer vers la mort comme un sportif court vers la victoire espérée et désirée. Ses mains ne forment-elles pas le signe de la croix, le V de la victoire !
« Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi. Pleurez plutôt sur vous-mêmes et vos enfants ».
9° station :
Jésus tombe pour la troisième fois.
La troisième chute est plus violente que la première.
Tourné vers le ciel, puisque la terre des hommes ne l’a pas secouru, Il en appelle à la bienveillance de son Père. Il offre sa chute comme une offrande d’amour.
Ses mains et ses bras, son visage, tout son corps semble tendu comme une flèche qui veut déchirer les cieux.
Tout son corps dit la flamme d’un feu qui veut chanter son amour pour la création, l’amour de Dieu le Père pour chaque homme.
10° station :
Jésus est dépouillé de ses vêtements.
Comme allongé sur la croix, les yeux scrutant les cieux, comme pour s’unir à la présence invisible du Père, Jésus se laisse faire par les mains des hommes.
Après les humiliations, la flagellation, le couronnement d’épines, le portement de la croix sur ses épaules et son dos douloureux à l’extrême, voici que les humiliations continuent.
Il est dépouillé de ses vêtements. Les mains des hommes s’agrippent à ses vêtements.
Leur force aveugle, signifiée par ces mains surdimensionnées et inachevées, enlève et le vêtement et des lambeaux de peau.
11° station :
Jésus est cloué sur la croix.
Dans l’extrême de sa souffrance, Jésus, les yeux fermés, est totalement immergé dans l’offrande de son être. Cette offrande est toute d’amour.
Cet amour est un cri qui jaillit des profondeurs de sa souffrance, langage silencieux d’un amour qui dit l’amour de Dieu pour l’homme et l’espérance de l’homme en Dieu.
12° station :
Jésus meurt sur la croix.
Sa tête s’est inclinée, comme tournée vers l’Orient.
Ses yeux regardent le soleil qui commence à se voiler.
Ses lèvres entrouvertes laissent s’échapper comme un murmure, comme le souffle d’une vie qui est allée jusqu’au bout du chemin, jusqu’au bout du don :
« Père entre tes mains, je remets mon esprit ».
Comme en réponse, les rayons d’une lumière indicible et toute respectueuse viennent du cœur du Père. Ils semblent caresser avec tendresse la joue douloureuse du Fils : réponse de silence à l’amour qui se dit dans une parole ultime.
13° station :
Jésus est descendu de la croix et remis à sa mère.
Tel un enfant qui dort dans l’innocence de ses rêves, Jésus est déposé dans les bras de sa mère. Marie le reçoit dans son infinie tendresse. De la crèche de Bethléem au pied de la croix, elle n’est qu’offrande d’amour à Dieu le Père, aux hommes ses frères.
14° station :
Jésus est mis au tombeau.
Le recueillement est intense. Une femme, un homme, tels des moines ou des moniales, le visage caché sous leur capuchon de prière, déposent le corps de Jésus dans le tombeau et de leur tristesse et de leur espérance toujours vivante. Selon la tradition, le corps et la tête sont entourés de bandelettes. Comme emmailloté dans les volutes de la tendresse, Jésus est déposé dans le tombeau des peurs et de la foi confiante.
Il est déposé dans le tombeau, enfermé comme dans une prison pour aller visiter et consoler les captifs de la mort.
15° Station :
Marie dans l’attente de la résurrection.
Sur le visage de la Vierge Marie, se lit la gravité du Vendredi Saint et la joyeuse bien que longue attente du Samedi Saint.
Sa foi reste inébranlable. Ses mains disent la permanence et la fidélité de l’offrande de sa vie au Père pour le salut des hommes dans l’unique amour de son Fils Jésus.
Ses yeux fermés disent la fatigue du jour et l’assoupissement de l’attente dans la nuit.
Par la porte ouverte du tombeau, celui que l’on voit semble se préparer à vivre le surgissement d’une énergie nouvelle.
16° station :
La résurrection : La Foi.
Jésus dort. Ses yeux sont fermés, mais par delà leur fermeture, celui qui regarde perçoit, à travers la joie des yeux et le sourire des lèvres, une lumière et une vie toute intérieures.
Les plis du marbre laissent entrevoir la vie qui se déploie dans l’espace que la mort avait tout entier envahi.
Un frémissement, comme des milliers de caresses, qui communique la vie et l’amour à celui qui en est l’auteur et qui l’a si bien communiqué par ses paroles et sa vie sur les chemins de Galilée.
17° station :
Théophanie du Christ ressuscité aux disciples d’Emmaüs.
Il leur a partagé le pain de l’amitié et de la reconnaissance pour leur hospitalité.
Leurs yeux se sont ouverts. Comme Pierre, Jacques et Jean lors de la Transfiguration, ils ont vu la lumière inaccessible. Ils ont contemplé de leurs yeux le Fils de l’Homme et le Fils de Dieu.
Lumière avant sa Pâque, il éblouit les disciples d’une lumière nouvelle dont la source n’est autre que son corps ressuscité.
Tel un feu d’artifice, l’éclat de sa lumière est une fulgurance qui nous permet de comprendre le miracle du pain qui par la puissance du souffle de l’Esprit devient son corps.
Entre ses mains, son cœur et le pain ne font qu’un.