LA VISITATION : TOUT N'EST QUE MOUVEMENT ET EXPLOSION DE JOIE !

Aucun autre évangéliste plus que Luc n’a réussi à traduire la fraicheur et la joie de ceux et celles qui ont été choisi par Dieu à l’aube du Salut. Ici, Marie et Elisabeth au jour de la Visitation.

Scène tant de fois représentée par tant de peintres depuis vingt siècles dans des interprétations généralement très hiératiques du texte. Ces deux femmes, portant la Révélation comme dans des vases sacrés qui risqueraient de se briser au moindre faux pas.

Et pourtant, loin d’être l’une devant l’autre dans la réserve que leur nouvelle dignité leur impose – Elisabeth portant le nouvel Elie, Marie portant le Verbe éternel de Dieu – tout n’est que mouvement et explosion de joie.

C’est Marie qui se rend avec empressement vers Aïn Karem, courant presque, dans les collines de Judée pour trouver la confirmation des paroles de l’Ange (il n’y avait pas de portable à l’époque !). Courant donc, se fichant éperdument de savoir si ce n’est pas trop dangereux pour l’enfant qu’elle porte, puisqu’elle ne peut pas perdre cet enfant venant de Dieu – ou du moins pas encore !

C’est l’enfant qui tressaille dans le sein d’Elisabeth lorsqu’il entend la salutation de Marie. Une manière de dire que le monde bouge dans le mystère de l’Alliance Nouvelle qui se réalise.

C’est Elisabeth qui vit les prémisses de la Pentecôte à venir, tellement remplie d’Esprit Saint au point de s’écrier, de crier : « Tu es bénie entre toutes les femmes … ».

C’est Marie enfin qui chante : « Mon âme exalte le Seigneur … ».

Curieusement, un seul ne bouge pas ! Alors qu’il est au même moment en train de faire danser le monde autour de lui. Un seul ne bouge pas car son heure n’est pas encore venue. Il est pour l’heure confié à cette garde royale qui pourrait faire sourire tous les puissants du monde. Il est pour l’heure tapi dans l’ombre du sein maternel.

Il ne bouge pas ! Mais est-ce si sûre ? Car dans cette apparente immobilité s’opère un avant dernier acte de création inespéré, incroyable, impensable pour les hommes. Dans ce sein maternel un extraordinaire échange se réalise : le Verbe se fait chair, Dieu se fait homme. Dans ce sein maternel, l’énergie de Dieu se mêle à l’énergie de ce petit d’homme.

Dans quelques mois il surgira. Dans quelques années il sera révélé au monde. Dans quelques années il sera mis à mort. Et le troisième jour il ressuscitera.

 

Fr. Hervé Jégou, o.p.
Directeur Général adjoint